Déclaration au nom des A3
Son Excellence Michel Xavier BIANG,
Ambassadeur, Représentant Permanent du Gabon auprès des Nations Unies à New York
New-York, le 29 mars 2022
Madame la Présidente,
1. J’ai l’honneur de faire cette déclaration au nom des membres des A3 à savoir le Kenya, le Gabon et le Ghana.
2. Je saisis cette occasion pour saluer le travail remarquable de Mme Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire-général. Son exposé précis nous fournit des éléments complémentaires qui permettent une meilleure évaluation des activités de la MONUSCO et de la situation en République Démocratique du Congo.
3. Je salue également la présence de Madame Lea Babite, représente de la Société civile et du Représentant permanent de la République Démocratique du Congo.
Madame la Présidente,
4. L’adresse des A-3 portera sur trois principaux points : la situation politique, sécuritaire et humanitaire.
5. Sur la plan politique, nous saluons l’ouverture de la session parlementaire du mois de mars et notons avec intérêt l’engagement du Président Felix Tshisékédi de tenir les élections en 2023, conformément au cadre constitutionnel. Nous nous réjouissons de l’adoption de la feuille de route électorale par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Cette volonté affichée par autorités congolaises de respecter les échéances électorales est de nature à crédibiliser le processus démocratique devant conduire à des élections libres, inclusives et transparentes.
6. En désignant Mme Marie-Josée KAPINGA secrétaire exécutive nationale adjointe de la CENI, première femme à occuper ce poste, les autorités congolaises ont manifestement saisi l’importance d’une pleine adhésion au processus électoral, de toutes les composantes sociales notamment les femmes et les jeunes.
Madame la Présidente,
7. Renforcer les institutions et consolider les acquis démocratiques de ces dernières années, constituent les principaux enjeux politiques des prochaines élections en RDC. Ce Conseil se doit d’être en appui des bonnes dynamiques des autorités congolaises en y apportant, des propositions réalistes et concrètes à la hauteur des défis cruciaux sur le terrain.
8. L’ampleur des enjeux exigent de nous un engagement encore plus soutenu auprès du peuple congolais, en encourageant tous les acteurs politiques à faire preuve d’abnégation et d’esprit de consensus.
9. Nous exhortons les partenaires au développement à fournir le soutien financier et matériel nécessaire à la mise en œuvre du programme d’action 2021-2023 du Gouvernement, y compris la tenue d’élections locales et nationales en 2023.
Madame la Présidente,
10. La complexité des problématiques auxquelles fait face la RDC donne une pertinence particulière aux dynamiques régionales. A cet égard, les A-3 se félicitent de la tenue d’une réunion de Haut-niveau sur le mécanisme de surveillance régionale du cadre de paix, de sécurité et de coopération. Cet important mécanisme convenu par les Etats de la région priorise la diplomatie et le dialogue pour résoudre les défis frontaliers et promouvoir le développement économique des Etats.
11. La signature par les autorités congolaises d’un mémorandum d’entente avec l’Ouganda et un autre avec le Rwanda, ainsi que les actions militaires concertées en cours, permettent de consolider une approche régionale positive.
12. Dans un souci d’efficacité et de pérennité, les A-3 préconisent que cette conjonction d’efforts s’étende sur toutes les problématiques qui minent la stabilité dans la région, y compris l’épineuse question de l’exploitation illicite des ressources minières.
13. L’autorité de l’Etat congolais doit être restaurée sur l’ensemble du territoire et l’état de droit rétabli dans chaque partie du pays.
Madame la Présidente,
14. Les A-3 sont particulièrement préoccupés par la détérioration de la situation sécuritaire notamment, dans les provinces de l’Ituri et du Kivu, en raison de la récurrence des attaques des groupes armés. L’Est du Congo est constamment confronté à une spirale de massacres et de violences inouïs, à un enrôlement accru d’enfants soldats et à des actes de barbarie, perpétrés par les Forces démocratiques alliés (ADF), la CODECO et autres groupes rebelles, dont le dessein est manifestement d’instaurer un climat d’effroi au sein de la population.
15. Le cycle de terreur entretenu par les groupes armés n’a que trop duré. Les soutiens des groupes armés et ceux qui les alimentent en armes doivent arrêter. Les auteurs de ces crimes doivent faire l’objet de poursuites judiciaires et répondre de leurs actes abominables. La condamnation de 24 membres des CODECO par les juridictions militaires congolaises, mérite à cet effet d’être saluée.
16. Pour consolider ces progrès les A-3 militent pour un renforcement des capacités judiciaires de l’Etat congolais.
17. Au-delà de ces mesures, ce Conseil doit se pencher sur la question de l’embargo sur les armes qui, à notre sens, contribue à restreindre l’efficacité des actions militaires des Etats contre les mouvements rebelles qui eux, préservent et souvent consolident leur capacité de nuisance en s’approvisionnant via des marchés parallèles.
18. Nous demandons au Conseil d’accéder à la légitime requête des autorités congolaises visant la levée de l’obligation de notification pour acquérir les armes.
19. En affermissant son système de gestion des armes et des munitions, le gouvernement a fait la preuve de son engagement dans la mise en œuvre des mesures garantissant le contrôle et la gestion des armes en sa possession.
Madame la Présidente,
20. Comme nous le savons tous, la RDC est victime de la richesse de son sous-sol en ressources minières. Celles-ci, par l’intérêt qu’elles suscitent, sont la principale source de déstabilisation et la principale cause des souffrances des populations. Nous saluons l’adoption par le Gouvernement congolais d’un Plan national stratégique d’exploitation et de certification des ressources minérales qui, nous l’espérons vivement, permettra d’apporter une certaine clarté dans l’exploitation des ressources minières au Congo.
21. Nous encourageons les pays voisins à mettre en œuvre leurs engagements dans le cadre de l’Initiative régionale contre l’exploitation illégale et le commerce des ressources naturelles. Ils devraient également intégrer le mécanisme de certification de la CIRGL dans les lois et pratiques nationales conformément aux normes minimales convenues au niveau international, ainsi que mettre en place des systèmes internes de contrôle, de surveillance et de vérification pour éliminer la présence du commerce illicite de minéraux.
22. Faisant écho de l’appel des autorités congolaises, les A-3 soulignent l’intérêt de sanctionner tous les individus et entités impliqués dans le trafic illicite des ressources et qui par ce trafic, alimentent les réseaux des groupes armés et les tensions communautaires. Asphyxier les sources de financements des groupes armés est une des clefs pour le rétablissement d’une paix durable en RDC.
23. Cette riposte contre les bandes armées doit aussi s’accompagner d’un appui financier et matériel conséquent au Programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion Communautaire et Stabilisation (P-DDRC). Le succès de ce programme important aura sans aucun doute, un impact positif sur les processus de sécurisation, de stabilisation et développement.
Madame la Présidente,
24. Dans cette guerre asymétrique que nous imposent les mouvements rebelles, les A-3 notent avec préoccupation un usage croissant d’engins explosifs improvisés dont les effets ont une portée catastrophique sur le mouvement des populations. Nous condamnons avec la plus grande vigueur, ces actes de barbarie.
25. Les A-3 notent également avec inquiétude, une recrudescence d’atrocités et la présence manifeste de groupes terroristes dans la région. La Communauté internationale ne peut rester indifférente et se contenter d’observer. C’est maintenant que nous devons prendre les mesures nécessaires pour endiguer ce fléau avant qu’il ne s’enracine : Identifier les causes profondes et proposer des solutions viables, nous paraissent être les prémices d’une action forte.
26. Les A-3 saluent à cet égard, la contribution inestimable apportée par la MONUSCO aux forces de défenses congolaises. Nous reconnaissons l’apport significatif des forces de l’ONU notamment, dans la protection des civils et le respect des droits de l’homme. Nous nous félicitons des efforts de coordination entre les autorités congolaises et la MONUSCO.
27. C’est essentiel que le plan de retrait de transition de la MONUSCO s’aligne sur le processus d’évaluation des critères fixés. Ce retrait doit être progressif, coordonné et concerté avec les FARDC pour éviter tout regain de violence. Nous nous félicitons des progrès accomplis par le Gouvernement congolais dans la mise en œuvre des 18 critères de référence définis dans le plan de transition conjoint.
Madame la Présidente,
28. L’environnement sécuritaire est un facteur aggravant de la situation humanitaire.
29. Avec 5,5 millions de déplacés et 27 millions de personnes qui sont confrontées à l’insécurité alimentaire, la crise humanitaire en RDC est très alarmante.
30. Nous exhortons les donateurs internationaux et régionaux ainsi que tous les partenaires de la RDC à participer au financement du Plan de Réponse Humanitaire de 2022, lancé par la Gouvernement congolais et les Nations Unies.
31. Nous saluons le travail remarquable des organisations humanitaires qui, au péril de leurs vies, apportent un soutien continu aux populations de la RDC. Nous rendons hommage à tous les casques bleus et les soldats de la FARDC, qui ont perdu la vie en œuvrant pour la paix dans ce pays.
32. Nous invitons le Gouvernement à poursuivre ses efforts de sécurisation, du personnel des Nations Unies et des travailleurs humanitaires afin qu’ils s’acquittent de leurs mandats sans entrave.
Madame la Présidente,
33. Pour terminer, les A-3 réitèrent leur soutien au Gouvernement congolais et à la MONUSCO.
34. Nous réaffirmons également notre attachement au respect de l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la République Démocratique du Congo (RDC).
Je vous remercie.
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